Amis de longue date, Maxime Delangle et Quentin Veyrat s’envolent à la fin de l’été vers la Floride après un long et riche parcours dans les cuisines de l’Auberge de Collonges. Direction Epcot, l’un des parcs DisneyWorld, où les attendent le Pavillon de la France et ses prestigieux restaurants pilotés par Jérôme Bocuse. Quentin prend les commandes de la brasserie du rez de chaussée tandis que Maxime officiera comme Chef de la table gastronomique. Une nouvelle page à écrire de l’autre côté de l’Atlantique, mais finalement pas si différente des précédentes : tous deux seront plus que jamais les ambassadeurs de la Maison Bocuse et de l’excellence française qu’elle incarne depuis toujours.
15 ans « et quelques mois » pour Maxime Delangle, un peu plus de dix ans pour Quentin Veyrat : une belle longévité dont ils peuvent être fiers et qui dit aussi la fidélité et l’engagement des deux jeunes chefs depuis leur arrivée en tant que commis à l’Auberge de Collonges. La progression de Maxime, qui se destinait à suivre les traces de son père, éleveur de Charolais, avant d’opter pour le métier de sa mère à l’adolescence, illustre une ténacité particulière. Après des débuts « compliqués » au restaurant, la volonté de s’accrocher envers et contre tout lui a permis d’évoluer, soutenu par les Chefs qui ont successivement accompagné son parcours. À son tour, il a soutenu Quentin, arrivé quelques années après lui, et devenu cuisinier par amour des belles tables et de la bonne cuisine.
« Les débuts ont été un peu rudes, raconte celui-ci, l’ambiance était exigeante, mais je me suis vite intégré et fait des amis facilement. Les chefs nous ont transmis l’amour de ce métier mais nous ont surtout inculqué les valeurs de Paul Bocuse : le goût du travail bien fait et du partage, la conviction que nous sommes là avant tout pour faire plaisir à nos clients. »
L’appel de la Floride est venu par Jérôme Bocuse, qui a proposé à Maxime de venir officier comme Chef chez « Monsieur Paul », le restaurant gastronomique ouvert par Paul Bocuse lui-même en 1982, premier établissement du groupe aux Etats-Unis. Une adresse prestigieuse que Maxime Delangle est heureux de rejoindre : « Ma femme et moi avions toujours voulu partir à l’étranger, mais cela me tenait à cœur de rester dans le groupe, raconte-t-il. Jérôme Bocuse nous a fait venir à Miami et nous avons tout de suite accroché, professionnellement et humainement. » Sachant que Quentin souhaitait lui aussi voir d’autres horizons, Maxime l’a mis en contact avec Jérôme Bocuse qui l’a aussitôt embauché comme Chef de la brasserie « Chefs de France ».
Là-bas les attendent une autre dimension, une autre culture, l’univers « magique » de Disneyworld… Mais aussi de nouveaux défis à relever pour répondre aux attentes de la clientèle américaine et gérer leurs équipes.
« Je suis plutôt confiant, énonce Maxime. L’important dans notre métier, c’est de pouvoir s’adapter. » Chacun sera seul dans sa cuisine mais partir à deux pour partager cette aventure « enlève une part d’appréhension ».
Tous deux impatients de débuter leur nouvelle vie, ils évoquent les souvenirs qui les ont marqués : Monsieur Paul bien sûr, qui venait le matin prendre son café ou se faire ouvrir quelques huîtres, avait toujours un mot pour eux, demandait des nouvelles… « Je lui ai fait à manger pendant au moins trois ans, se souvient Maxime Delangle avec émotion, j’allais le voir à 17 h pour savoir de quoi il aurait envie et lui préparer quelque chose, sauf un soir d’arrivée du Tour de France où, tellement captivé, il m’a fait asseoir pour que nous la regardions ensemble ! » Tous deux évoquent également le grand moment que fut la réussite par Olivier Couvin du concours de MOF, une magnifique réussite personnelle vécue avec une grande fierté collective par tout l’équipage.
Olivier Couvin, qui les a vus arriver et grandir, leur a adressé ce message à chacun : « Tu as participé grandement à la réussite que nous avons engagée depuis le départ de Monsieur Paul, c’est grâce à toi que l’histoire est belle… ».
« Nous perdons deux maillons très importants et cela nous rend un peu nostalgiques, commente le Chef, c’est bien de le leur dire lorsqu’ils partent mais c’est le cycle de la vie d’une entreprise : nous formons les jeunes et un jour ils ont envie de vivre autre chose, tandis que d’autres sont formés à leur tour pour les remplacer. Avec 10 et 15 ans de maison, l’ADN est là, le travail pour Jérôme sera fait avec sérieux et nous serons toujours là pour eux s’ils ont besoin de nous. »