Si l’Auberge était un homme, elle serait Paul Bocuse, le « pape de la gastronomie », le « cuisinier du siècle », à la proue de ce vaisseau amiral qui porte son empreinte. Paul Bocuse, un nom, un mythe, un étendard qui dépasse les frontières et symbolise le prestige culinaire français.
Paul Bocuse, c’est l’âme de Collonges-au-Mont-d’Or où il voit le jour le 11 février 1926, digne héritier d’une longue lignée de cuisiniers depuis le XVII ème siècle, régalant les paysans de friture, de cochonnailles et de fromages, ode à une cuisine de terroir qui fait l’éloge de la simplicité. Sans aucun doute, les dieux tutélaires du génie et du savoir-faire se sont penchés sur son berceau. Infatigable globe-trotter, découvreur de talents, créateur du Bocuse d’Or, Bocuse a mené l’Auberge au sommet des arts culinaires pour la transformer en un conservatoire fabuleux de la gastronomie française, ode à la cuisine classique et généreuse.
Si l’Auberge était une rivière, elle serait la Saône. Cette rivière possède tout d’une divinité à laquelle la famille voue une sorte de culte. La preuve ! Depuis 1840, le vaisseau amiral ne cesse de subir les assauts de ses crues. Avant d’être Bocuse, Paul est d’abord Paulo des bords de Saône, un homme proche de la nature et qui entretient avec elle un lien sacré. « Même à l’autre bout de la Terre, j’ai besoin de la Saône pour m’endormir. Je suis né dans un lit où je dors encore. De nos jours, peu de gens ont la chance de garder un lien aussi fort avec leur enfance ».
Si l’Auberge était un hommage, elle serait Fernand Point, le maître spirituel, le Pygmalion auquel un salon pouvant accueillir 24 personnes est dédié. Comme les peintres, les cuisiniers se réclament d’une filiation, d’une école, d’un atelier où ils reçoivent l’initiation qui les consacrera à leur tour. Le mentor de Bocuse fut Fernand Point, maître incontesté de la restauration étoilée dans la première moitié du XX ème siècle. C’est au cœur de son restaurant mythique de l’Isère, la Pyramide que le jeune Paul Bocuse s’est imprégné de sa manière de cuisiner, apprenant deux valeurs cardinales dont il se nourrira tout au long de sa carrière : la simplicité et la maîtrise des modes de cuisson.
Si l’Auberge était un plat, elle serait la poularde de Bresse. Hommage au passage de Paul Bocuse chez « La Mère Brazier », une volaille truffée sous la peau et cuite dans une vessie de porc, gonflée comme un ballon de football. Découpée à table, elle révèle alors une collection de parfums délicieux. Le service s’effectue en deux temps, tout d’abord avec les suprêmes puis les cuisses (ou inversement) afin que tout le plat soit dégusté chaud.
Si l’Auberge était une qualité, elle serait l’amour du travail bien fait. Car ce qui fait la force et l’énergie de ce vaisseau aujourd’hui, c’est l’équipage aux multiples talents (parmi lesquels 5 MOF) qui le gouverne et pérennise avec passion et fierté les valeurs bocusiennes, animé par ce devoir de transmission si cher au cœur de Monsieur Paul. L’auberge à travers ses hommes dont l’unique ambition consiste à vous faire plaisir en éveillant tous vos sens résonne de cet adage qui lui permet de maintenir le cap et l’excellence de la gastronomie française : « Recevoir quelqu’un, c’est se charger de son bonheur »