De père en fille, chez les Éon, la passion Bocuse se transmet en héritage

A Collonges au Mont d’Or, au restaurant Paul Bocuse, les générations se suivent avec toujours la même passion du travail bien fait, le souci du client, cette exigence qualitative, essence même des valeurs de la maison Bocuse. Et en fil d’Ariane, la transmission comme héritage, qui guide les pas de tous ceux qui font partie de l’équipage. Une maison, creuset de belles histoires filiales.

Dans la famille Éon, il suffit de demander le papa Yann, qui a œuvré pendant 14 ans en tant que sommelier auprès de Monsieur Paul et sa fille, Annaëlle, assistante administrative, nouvelle recrue de l’équipage. Si Yann ne travaille plus désormais au sein du restaurant, il n’est jamais bien loin, puisque son métier d’agent commercial le conduit à revenir sur à Collonges en tant que fournisseur du restaurant Bocuse, le conseil en plus ! Yann Eon appartient en effet au patrimoine Bocuse, puisqu’il est représenté en peinture sur la fresque avec quelques cartons de divins breuvages aux côtés des personnages qui ont marqué le restaurant Paul Bocuse.

Le premier sommelier de Monsieur Paul

L’histoire Éon débute un lundi 5 novembre 1984, jour dont Yann se souvient parfaitement : « C’est à l’âge de 23 ans que j’ai débuté ma période d’essai chez Monsieur Paul qui accueillait pour la première fois un sommelier. Une aventure qui a duré 14 ans. Je gérais alors une cave de 25000 bouteilles à l’année. » De ses liens avec Paul Bocuse, Yann conserve un souvenir attendrissant, celui d’une complicité et d’un rapport paternel. « Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, j’ai ressenti un véritable choc affectif.  Il a toujours eu un côté très protecteur avec moi et m’a choyé. Il m’emmenait partout avec lui lors des dégustations dans les vignes notamment dans le Bordelais. J’ai beaucoup voyagé grâce à lui et j’ai côtoyé une pluie d’étoiles. C’était un privilège ».

A l’âge de 37 ans, changement de cap pour le sommelier qui décide de quitter le restaurant pour évoluer et se rapprocher davantage de l’univers du vin. En 2012, il monte son agence baptisée « Vins d’Éon » à Lyon. Une affaire familiale spécialisée dans les crus de qualité, au sein de laquelle son fils devient le fournisseur pour les brasseries du groupe Bocuse.

bocuse

Une enfance bercée par la maison Bocuse

Après une reconversion forcée dans ses études, sa fille Annaëlle, alors diplômée d’un Bac ES et d’un CAP service, le rejoint en CDD au début pour gérer la partie administrative avant d’enchaîner sur une alternance dans le cadre de son BTS.  Le diplôme en poche en 2018, celle qui se destinait à la sommellerie décide alors de postuler au restaurant Paul Bocuse. « Je regarde régulièrement la carte et les menus.  Je suis tombée dans la rubrique équipage sur une offre d’emploi d’assistante administrative. J’ai décidé d’envoyer mon CV sans le dire à mon père. Lorsque j’ai passé l’entretien, c’était une sensation étrange. A chaque fois que je me rendais à l’auberge, c’était toujours pour un dîner et non pas pour un emploi. Lorsque je l’ai annoncé à mon père et mon frère, ils ont été plus que surpris et en sont restés bouche-bée. Je pensais que mon père allait manifester plus de joie ! ».

Depuis le 3 avril 2019, la relève Eon est donc assurée par Annaëlle qui travaille avec une équipe de 4 personnes sous la responsabilité de Corinne Boisserin. « Même s’il n’est pas très démonstratif, mon père est fier de voir que l’histoire continue ! Dès le début, malgré sa surprise, il m’a rassurée en me disant que je serais bien accueillie. ». Une atmosphère familiale et une bienveillance qu’Annaëlle apprécie. « On perçoit une chaleur humaine et un côté réconfortant tant dans l’ambiance que dans la cuisine », souligne la jeune femme.

L’envie de se forger un nom

Depuis toute petite, cette dernière baigne avec son frère dans l’univers Bocuse. « Je n’ai jamais passé un Noël à la maison avec mon père, on fêtait Noël à l’Abbaye. Je me souviens d’un grand père Noël qui nous offrait des cadeaux. Même chose pour les anniversaires avec ma mère, mes grands-parents, Monsieur Paul et Madame Bocuse. De Monsieur Paul, étant enfant, je garde l’image d’un homme très grand, avec un tablier et une toque, toujours immaculés, quelqu’un de très paternel et protecteur qui nous faisait sauter sur ses genoux. Adolescente, il me semblait intouchable et impressionnant. C’était un homme qui inspirait le respect. Tous ces moments de partage, mon père me les raconte régulièrement », souligne Annaëlle. Entre la fille, le frère et le papa, toutes les routes mènent à Bocuse. A croire qu’on ne ressort pas indemne de la maison Bocuse.

« Annaëlle a suivi les pas de son père. C’est une maison qui laisse des traces indélébiles. Lorsque j’y retourne, j’ai plein d’émotions et j’ai encore beaucoup de collègues avec lesquels j’ai travaillé à l’époque », reconnaît Yann. Des collègues qui sont devenus des amis. Ce que sa fille Annaëlle confirme : « Je vois mon père tous les jours sur la fresque. Ce qui me fait sourire. A chaque fois qu’il passe la porte de l’Auberge, il est connu, reconnu et apprécié. D’ailleurs, Monsieur Merlin m’a même, par mégarde, appelée Yann ! Même si nous n’exerçons pas la même profession, mon père est content de cette continuité. » Avec un souhait tout de même pour Annaëlle « Ne pas être considérée comme la fille de… mais pourvoir faire mon nom avec mes propres choix ! »