« Nous avons vécu des moments intenses et une grande aventure », commente Alain Vavro, designer avec son épouse de la restauration du Restaurant Paul Bocuse. Un challenge pour ces derniers. « C’est avec un mélange de fierté et d’angoisse que nous avons appréhendé cette mission. Il a en effet fallu tenir ce délai quasi-impossible de 22 jours. Tout le monde s’est énormément impliqué et montré à la hauteur. Les artisans ont travaillé jour et nuit ainsi que les week-ends. Ils s’en souviendront longtemps ».
Une immersion hors du temps
22 jours d’une immersion totale, parenthèse hors du temps pour mener à bien ce chantier d’embellissement qui a mobilisé près de 70 ouvriers. « Le 2 décembre, nous avons déménagé les tableaux et jusqu’au 24 janvier, la maison s’est transformée en véritable ruche pour tenir le planning ». Une performance, reconnaît Alain Vavro. Pour ces travaux de grande ampleur, carte blanche a été laissée aux designers. « Nous en parlions depuis un moment avec Monsieur Paul. Il était conscient de ce besoin de restructuration mais il n’avait pas la motivation ni l’envie de s’engager dans des travaux poussés. Il rajoutait des éléments au fur et à mesure du temps, créant un patchwork pas toujours en accord ».
Sublimer l’esprit originel du lieu
Rendre plus chic tout en respectant l’âme originelle de la maison, telle a été l’ambition d’Alain Vavro. Le complice graphique de Paul Bocuse était déjà imprégné de l’atmosphère des lieux. « Nous n’avons pas pris de risques. J’ai imaginé cette restructuration comme si Paul Bocuse était là avec cette ligne directrice de ne pas le heurter dans son principe de classicisme ». Comme il se plaisait à le répéter, « chez moi pas de faute de bon goût ! »
Le résultat ? Une alchimie entre modernité et baroque avec des teintes allégées. « Nous avons adouci ce qui était lourd en contradictions visuelle, éclairci les plafonds mais nous avons respecté tout ce qui était d’origine ».
Un chantier colossal
Le plus phénoménal ? « Faire se croiser des entreprises et corps de métiers qui n’auraient jamais dû travailler en même temps ! Les carreleurs ont carrelé les murs avant que les sols ne soient terminés. Ils se trouvaient en hauteur pendant que les bulldozers s’affairaient au sol », se souvient Alain Vavro. Une expérience presque surréaliste. C’est grâce à cette cohabitation fructueuse et sans tension que tout s’est déroulé dans les temps. « Ma plus grande angoisse, c’était madame Bocuse. Nous ne lui avons pas montré les travaux d’un coup. Et tout le monde a pris soin d’elle, y compris les artisans. Finalement, elle a très bien vécu cette période ».
Côté travaux, « il a fallu démonter tout ce qui était installé depuis 40 ans. Nous avons dû effectuer des réglages sur la climatisation en cuisine, ce qui n’était pas prévu. Nous avons tout restructuré dans les toilettes pour remettre aux normes ».
Le 24 janvier au soir, après 3 semaines d’agitation perpétuelle, la maison Bocuse a dévoilé son écrin aux clients. « Les équipes de cuisine n’ont eu que 4 heures de rôdage pour s’approprier les lieux avant le lever de rideau ! » Une nouvelle page du Restaurant Paul Bocuse s’est ouverte, tout en pérennisant les valeurs de Monsieur Paul.